Une vie française, de Jean-Paul DUBOIS
Présentation de l'éditeur : Petit-fils de berger pyrénéen, fils d'une correctrice de presse et d'un concessionnaire Simca à Toulouse, Paul Blick est d'abord un enfant de la Ve République. L'histoire de sa vie se confond avec celle d'une France qui crut à de Gaulle après 58 et à Pompidou après 68, s'offrit à Giscard avant de porter Mitterrand au pouvoir, pour se jeter finalement dans les bras de Chirac. Et Paul, dans tout ça ? Après avoir découvert, comme il se doit, les joies de la différence dans le lit d'une petite Anglaise, il fait de vagues études, devient journaliste sportif et épouse Anna, la fille de son patron. Brillante chef d'entreprise, adepte d'Adam Smith et de la croissance à deux chiffres, celle-ci lui abandonne le terrain domestique. Devenu papa poule, Paul n'en mène pas moins une vie érotique aussi intense que secrète et se passionne pour les arbres, qu'il sait photographier comme personne. Une vraie série noire - krach boursier, faillite, accident mortel, folie - se chargera d'apporter à cette comédie française un dénouement digne d'une tragédie antique. Jardinier mélancolique, Paul Blick prend discrètement congé, entre son petit-fils bien-aimé et sa fille schizophrène.
Mon avis : Ce livre traînait depuis quelques mois, voire quelques années dans ma bibliothèque, l'ayant subtilisé à celle de mes parents pour le lire, ayant découvert avec passion Jean-Paul Dubois. Hélas, il s'est perdu dans cette bibliothèque, d'où je le sortais parfois, le feuilletant rapidement avant de le délaisser. Sans doute étais-je gênée par les titres de chapitres faisant référence aux présidents français successifs, croyant bêtement qu'il s'agissait d'un livre sur ou à propos de politique. Quand France 2 a récemment proposé une adaptation de ce roman, j'ai décidé de me lancer enfin et de le lire avant de voir le téléfilm. Je peux désormais affirmer que ce livre mérite son prix Femina reçu en 2004, car il est d'une grande sensibilité, l'écriture y est délicate et vraiment très agréable à suivre. L'histoire n'est pas particulièrement originale, mais si bien racontée qu'elle devient unique.
Le téléfilm quant à lui est axé sur la relation père-fille, et ce parti pris est intéressant, car il permet de raconter de façon moins artificielle, quelques-uns des moments importants de la vie de Paul Blick, cependant, compte-tenu du format, il est évident que tout le roman n'entre pas dans les quelques une heure trente du téléfilm. Même si l'on sait qu'adaptation ne signfie pas transposition exacte, certains passages du roman, savoureux, délicats ou très durs auraient aussi mérité d'être portés à l'écran. La prestation de Jacques Gamblin, sans être exceptionnelle, montre les qualités de l'acteur, tout en retenue, en pudeur, et nous fait parfois penser au père du magnifique film de Bezançon : Le premier jour du reste de ta vie. Bref, les deux supports, livre et téléfilm, se montrent à la hauteur des exigences de leur genre, mais le roman reste nettement supérieur au téléfilm, quelles qu'en soient les qualités.