N'espérez pas vous débarrasser des livres, de J-C CARRIERE et U. Eco
Extrait de la quatrième de couverture : Le gai savoir : rarement l'expression nietschéenne se sera aussi bien appliquée qu'à ce livre... sur les livres ! Du papyrus au fichier électronique, nous traversons cinq mille ans d'histoire du livre à travers une discussion à la fois érudite et humoristique, savante et subjective, dialectique et anecdotique, curieuse et goûteuse. On y parcourt les temps et les lieux, les personnes réelles s'y mêlent aux personnages de fiction, on y fait l'éloge de la bêtise, on y analyse la passion du collectionneur, les raisons pour lesquelles telle époque engendre des chefs-d'oeuvre, la manière dont fonctionnent la mémoire et le classement d'une bibliothèque. On y explique pourquoi " les poules ont mis un siècle pour apprendre à ne pas traverser la route " ou comment " notre connaissance du passé est due à des crétins, des imbéciles ou des adversaires ". Bref, on s'y amuse de la " furia littéraire " de deux passion-nés qui nous entraînent dans leur folle farandole dont chaque tour surprend, distrait, enseigne. En ces temps d'obscurantisme galopant, c'est peut-être le plus bel hommage qui se puisse imaginer à la culture de l'esprit, et l'antidote le plus efficace au désenchantement.
Mon avis sur ce livre : un pur bonheur ! Merci à la personne qui m'a offert ce bijou ! C''est le genre de livres que j'aimerais trouver plus souvent en librairie : c'est intelligent sans être ennuyeux, érudit sans être pédant, drôle sans être cynique... Je ne l'ai pas lu d'une traite, non, j'y ai puisé quelques bons moments de détente et de plaisir, après une journée éprouvante, ou dans des moments de doute ou de tristesse. J'y ai découvert quantité de choses, sans avoir l'impression d'être ignorante. Les auteurs réussissent le tour de force de parler des livres, tout en évoquant des sujets comme la peine de mort,la lâcheté ordinaire, le pouvoir, mais aussi la bibliophilie, la philologie, etc. Je me suis délectée du chapitre sur la bêtise dont le propos n'avait rien à envier aux textes de Flaubert. On y apprend aussi des anecdotes sur le travail de l'écriture, avec Eco, sur le milieu du cinéma et du théâtre grâce à Carrière ; la complicité entre les deux hommes est tellement évidente et leur conversation si bien menée, qu'il arrive qu'on n'ait pas l'impression de lire un livre, mais de participer à une conversation de facto.
Une petite citation de Carrière sur l'addiction à la lecture et ses conséquences : "Le but, ce n'est pas de lire à tout prix, mais de savoir que faire de cette activité et comment en tirer une nourriture substantielle et durable. Est-ce que les amateurs de lecture rapide goûtent véritablement ce qu'ils lisent ? Si vous faites l'économie des longues descriptions dans Balzac, est-ce que vous ne perdez pas précisément ce qui fait la marque profonde de son oeuvre ?"