Quand le requin dort, de Milena AGUS
Extrait de la quatrième de couverture : Sardes depuis le Paléolithique supérieur, les Sevilla-Mendoza ignorent la normalité. Un père entiché de voyages lointains, une mère perdue devant la vie, une tante plongée dans des amours sans lendemain, un frère sourd à tout sauf à son piano. Celle qui décrit l'étrange et attachante ambiance familiale, avec une impassible candeur, est une adolescente engluée dans une liaison inavouable... Une liaison qu'elle cache à sa famille, où pourtant on parle d'amour et de sexe sans inhibitions. On y parle aussi de Dieu, dont on n'arrive pas à décider s'il existe ou pas. Plutôt qu'à lui, autant s'en remettre à la superstition pour affronter les dangers de l'existence. Celle-ci se déroule comme si on était dans la gueule d'un requin. Un requin qui vous enserre entre ses dents et vous empêche de vivre. On essaye d'en sortir quand il dort... Dans ce livre, le plus poignant de Milena Agus, on retrouve sa voix inimitable, capable de toutes les audaces.
Mon avis : Un magnifique petit roman. Petit par la taille, attention, moins de 150 pages, très agréable à lire, sans style pompeux, une très jolie histoire d'amour, de sentiments, de famille et de solitudes partagées. J'avais beaucoup aimé Mal de pierre, il y a quelques années et c'est sur cette bonne impression que j'ai choisi de lire ce roman dont je trouvais le titre et la première de couverture, superbes. L'héroïne est touchante voire bouleversante dans sa quête d'amour et dans ses déceptions amoureuses. Eprise d'idéal et de passion, elle va vivre une relation sado masochiste avec un homme qui va à la fois la faire souffrir, mais aussi lui révéler cette soif qui la caractérise. Je n'en dirai pas grand chose d'autre, sinon, vous conseiller sa lecture, dont voici quelques petits extraits :
p 93 : " Le juge lui fit éprouver ce qu'elle n'avait jamais éprouvé, des choses absolument normales pour des tas de gens mais qui pour elle, habituée aux miettes, étaient comme ces tables dressées qu'on voit de l'autre côté de la vite, quand la faim est immense."
p 95 : " La guerre lui avait sauvé son fiancé et la paix lui tuait sa fille."
p 104 : " Tu me manques [ ...] je ne te connais pas et tu me manques ou il faudrait peut-être dire que tu me manquais et que je t'ai trouvée."