Tout, tout de suite, de Morgan SPORTES
Extrait de la quatrième de couverture : Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. Ce livre est une autopsie: celle de nos sociétés saisies par la barbarie.
En 2006, après des mois de coups tordus et d’opérations avortées, une petite bande de banlieue enlève un jeune homme. La rançon
exigée ne correspond en rien au milieu plutôt modeste dont ce dernier est issu. Mais le choix de ses agresseurs s’est porté sur lui
parce que, en tant que Juif, il est supposé riche. Séquestré vingtquatre jours, soumis à des brutalités, il est fi nalement assassiné.
Les auteurs de ce forfait sont chômeurs, livreurs de pizzas, lycéens, délinquants. Certains ont des enfants, d’autres sont encore mineurs. Mais la bande est soudée par cette obsession morbide: «Tout, tout de suite.»
Mon avis : Attention, lecture "coup de poing". Ce n'est peut-être pas LE livre de la rentrée littéraire, mais c'est évidemment un livre et un auteur avec lesquels il faut compter. Le sujet est emprunté à l'actualité, aux faits divers, certes, mais ce n'est aucunement négatif, d'ailleurs, ce n'est pas autre chose que fit Stendhal avec Le Rouge et le Noir... Ce roman met en avant le tristement célèbre "gang des barbares" qui s'illustra dans l'actualité au cours de l'année 2006, avec la torture et la mise à mort d'un jeune homme juif. Morgan Sportes a déjà écrit sur ce type de sujet avec L'Appât, dont j'ignorais qu'il était l'auteur, ne connaissant que l'excellent film de Tavernier. La plume de Sportes frappe là où ça fait mal, dans le vide que nos sociétés ont laissé aux jeunes, aux cités, etc. Je n'ai cessé, en lisant cet excellent ouvrage de penser à la chanson de Saez intitulée "Sonnez tocsin dans les campagnes", où il scande la phrase suivante : "la jeunesse a tété le sein des dictatures de nos besoins", et c'est exactement ce que l'auteur semble vouloir dénoncer dans ce livre. Le "gang des barbares" dont il est question dans ce roman, est assez loin de ce qu'on imagine. Beaucoup d'amateurisme et peu de rigueur, bref, de petites frappes qui se sont pris pour Tony Montana, sur fond d'antisémitisme latent, à la fois assumé par le chef et réfuté par ses membres. Un grand moment de lecture. Un coup de poing qui coupe le souffle et interroge, non sur la terre qu'on laissera à nos enfants, mais sur les enfants que nous laisserons à notre terre, ainsi qu'une citation de Semprun ( extraite de L'Abîme se repeuple ) le suggère en avant-propos : " Quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?, il évite de poser cette autre question, réellement inquiétante : A quels enfants allons-nous laisser le monde ?". Ce qui me paraît être un sujet au moins aussi grave et inquiétant que l'écologie et la préservation de la nature.
3/7