Le dos crawlé, d'Eric FOTTORINO
Présentation de l'éditeur : Été 1976 sur l’Atlantique. Deux enfants rêvent de pays lointains. Les parents sont si décevants. Marin a treize ans et Lisa dix. Marin raconte le sable qui brûle et autre chose qu’il ne saurait dire quand il regarde Lisa et la mère de Lisa, une ancienne Miss Pontaillac. Les coeurs s’écorchent. L’enfance se consume. Heureusement Oncle Abel est là qui veille en douce. Et monsieur Archibouleau avec ses gros muscles. Et monsieur Maxence qui écoute la météo marine. Et le père Juillet qui pédale comme un jeune homme. Heureusement les parties de pêche, les complets-poisson, l’odeur des citronniers, de la menthe, la douceur du chat Grizzly et de Plouff le chien. Heureusement le docteur Malik et ses bouquets de jasmin, la Corniche, le Casino, les plages de la Côte sauvage, les glaces de chez Judici. Heureusement le potager, les belles villas, les feux de Cordouan. Un jour Marin et Lisa se sauveront en nageant le dos crawlé, et tant pis pour la mort qui rode sur la mer… Un roman solaire, au sens où le soleil tantôt caresse et tantôt brûle.
Mon avis : Ce livre m'a été offert par mon père, qui prouve une fois encore qu'il est un homme de goût et qu'il connaît parfaitement les miens. Ce livre baigne dans une atmosphère vraiment particulière, qui est celle de l'enfance, mais l'enfance à la fin de l'innocence, au moment de la découverte des relations humaines, des conflits, de jalousies et des mensonges qui en découlent nécessairement. Le jeune héros, Marin, va découvrir au cours de l'été de ses treize ans, la vie sous une lumière particulière : celle d'une plage, bercée par la vie, la découverte, mais aussi la sensualité et la mort. Chacun de ses éléments va s'imposer à Marin et à Lisa, mais dans un ordre non-chronologique, l'ordre de la vie réelle, pas ce qui devrait être le cours des choses, selon une certaine sagesse populaire. Les âges de la vie vont se succéder sous leurs yeux : du vieillard vaillant à la jeune femme enceinte, en passant par la femme ( mûre ? fatale ?) qui n'écoute que son appétit d'aimer. Cette histoire est servie par une langue succulente : celle du narrateur, irrésistible petit homme qui s'interroge sur la soeur de son amie, cette enfant au visage rond, que l'on cache dans un pays lointain, la Mongolie, mais on ne la lui fait pas à lui, il connaît sa géographie, et c'est d'ailleurs pour cette raison que les histoires des pays lointains et la météo marine l'intéressent tant. On suit, au fil des pages, cette belle histoire, belle parce qu'elle fait écho à ce pays qu'on a en soi, ce pays qu'on voulait à toute force quitter lorsqu'on y vivait, et que certains paieraient cher pour retrouver, celui des tartines au beurre saupoudrées de cacao...
Noukette (dont je vous recommande le blog, au passage ) l'a lu en même temps que moi, dans le cadre d'une lecture commune, allez donc faire un tour pour lire son avis !
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