La guerre du Kippour, de Frédéric CHOURAKI
Présentation de l'éditeur : Le jour du Grand Pardon, le jeune Fred Bronstein, amoureux de Popeline, une rousse sauvage, sensuelle et très peu casher, tout droit sortie d’un tableau de Rossetti, invite celle-ci au sein de sa famille.
La mère qui hait toute féminité en dehors de la sienne, le père qui rêve d’une belle-fille agrégée de lettres ashkénaze, le morne frère chargé d’audit, ses enfants sans cou, la grand-mère narcoleptique dotée de pouvoirs maléfiques…Tout est en place pour faire de cette nuit de Kippour, période de jeûne et d’émoi mystique, un feu d’artifice narratif aux dialogues crépitants. Et pour que la réussite soit totale, ont été convoqués la communauté juive locale et son trio de rabbins Loubavitchs, les frères Schmock.
Entre lutinages et querelles théologiques, entre légende urbaine et marivaudage casher, émois garantis…
L’an prochain à Clamart ! Puisqu’on vous le dit.
Mon avis : Un grand moment que la lecture de ce petit roman, véritable petit bijou de cruauté, de drôlerie, d'érudition et de style. J'ai lu ce livre qui m'a été offert par mes parents, qui doivent vraiment bien connaître mes goûts, et j'avoue que j'ai laissé bêtement ce petit bijou dans ma PAL pendant plusieurs jours, n'étant guère inspirée par le titre et par la couverture... Comme quoi, on peut se faire avoir et passer à côté de véritables chefs d'oeuvre. Oui, le mot est fort, mais il vous suffira de vous plonger quelques minutes ou quelques pages dans l'univers de Frédéric Chouraqui pour comprendre ce que je veux dire. Ce roman, très court, parle de la famille et à ce titre, je le rapprochais de mes derniers coups de coeur en la matière : C'est ici que l'on se quitte de Tropper et Toutes les familles sont psychotiques de Coupland, mais il a pour particularité de parler d'une famille juive, très à cheval sur les principes religieux et que l'arrivée de la fiancée du narrateur, Popeline ( ça ne s'invente pas !) va totalement bousculer et déstabiliser, pendant le Yom Kippour ( d'où le titre ! ). Bien loin des clichés habituels véhiculés par les films comme La vérité si je mens et consors, ce roman vous apprend quelques petites choses, mais réussit à vous faire rire de situations totalement hallucinantes, notamment en ce qui concerne une scène empruntant au Théorème de Pasolini, mais chut, je ne peux pas en dire plus, il faut le lire ! J'ajouterais avant de vous livrer quelques petites brides de ce merveilleux roman, que l'écriture et le style sont d'une beauté à couper le souffle : je me suis surprise plusieurs fois, à lire à voix haute, tellement les phrases étaient superbes. Attention, toutefois, quand vous aurez découvert Popeline, elle ne pourra plus jouer pour vous les "filles de l'Eire" comme Chouraki l'écrit si bien !
Je me permets aussi d'emprunter une critique à Christine Sallès, Psychologies Magazine, Juillet-Août 2010 : Fred, sorte de mini Woody Allen parisien, emmène sa dulcinée, la rousse et ravageante Popeline, chez ses parents à Clamart pour célébrer Yom Kippour (…) Quand les traditions juives sont racontées avec cette verve, entre truculence et irrévérence, il y a vraiment de quoi rire et s'évader sans culpabilité.
Extraits : p 11 " Chez nous, pas de confession confite et meurtrie derrière un grillage [....] mais une journée de soldes spirituels complets où la culpabilité est bradée en vingt quatre heures express."
p 17 : "J'ai, avant elle, sacrifié au cahier des charges d'un judaïsme bon teint.."
Lien vers le site de l'éditeur Le dilletante