D'où je suis, je vois la lune, de Maud LETHIELLEUX
Extrait de la quatrième de couverture : Moon a choisi la rue parce qu'elle a décidé d'être « elle-même dans ce monde où les gens sont devenus des autres ». Elle ne fait pas la manche, elle vend des sourires, et observe avec malice la manège des gens pressés.
Autour d'elle, il y a Michou et Suzie avec leur caddie, Boule, son crâne rasé et sa boule de billard à dégainer en cas de baston, les keupons migrateurs avec leurs crêtes de toutes les couleurs, et surtout, il y a Fidji et ses projets sur Paname. Pour lui, elle a décidé d'écrire un roman, un vrai.
Mon avis : Encore un petit bijou qui m'est tombé dans les mains, en cet été, et que je dois à mes parents, qui décidément connaissent bien mes goûts ! Cette histoire est belle, pure, intelligente et pleine de bonté. Le personnage de Moon est plus qu'attachant et on suit son histoire sans pathos ni misérabilisme ; d'ailleurs, on ne sait pratiquement rien sur cette fille avant qu'elle n'atterrisse littéralement dans la rue, rien sur sa famille, ni sur les raisons qui l'ont poussée à vivre ainsi, devant une échoppe de fleuriste, avec sa chienne, Comète, son fiancé qu'elle aime passionnément, ses amis et ses petits coutumes, ses sourires qu'elle vend aux passants pour illuminer leurs vies de gens trop pressés pour voir la vie autour d'eux. Si certains découvrent la passion des livres en taule, comme Slam, qui s'avérera être un ami plus que fiable et attentionné, Moon va découvrir, presque par hasard, l'écriture et les seules allusions à son passé seront celles qu'elle fera à propos d'un ancien prof de français qui avait pressenti qu'elle avait un don, du talent. Mais Moon manque cruellement de confiance en elle, et ne croit pas en la beauté de la vie, elle pense que tout n'est qu'illusion et que l'espoir est une saloperie qu'il faut éviter.
Quelques extraits : à propos des éducs qui veulent qu'elle s'en sorte, p 62 : « Je dis : Se sortir de quoi ? Je suis jamais entrée dans rien ! »
Un passage à propos des auteurs, des écrivains, p 140 : « les auteurs sont des bavards, ils écrivent parce qu'ils ont déjà soûlé tout leur entourage, c'est le seul moyen d'expression qu'il leur reste. »
A propos de la vie, de l'espoir etc. p 232, 233 : « La vraie vie n'est pas à la hauteur de mes mots. La vraie vie est emballée dans du papier cadeau, quand tu l'ouvres, tu trouves une boîte, c'est comme les poupées russes, chaque boîte en contient une plus petite, l'espoir diminue au fur et à mesure que tu les ouvres, mais tu continues d'espérer, tu revois tes projets et tes ambitions à la baisse, les boîtes continuent d'être vides. Tu passes ton temps à les ouvrir et à la fin la dernière est tellement minuscule que tu ne fais même pas l'effort de l'ouvrir, tes doigts gelés sont trop gros pour elle, et tu ne veux plus être déçue, tu préfères la laisser là pour quelqu'un d'autre, à moins qu'elle ne soit écrasée par un passant pressé. La vraie vie, c'est une petite boîte dont plus personne ne veut, que même si elle était pleine, elle ne serait rien aux yeux des autres. Parce que les autres sont bien trop occupés avec leurs propres boîtes, et parce que les petites choses n'intéressent personne. »