Désagrégé(e), de Christophe ONO-DIT-BIOT

Publié le par lili

désgExtrait de la quatrième de couverture : " On croit toujours les crimes passionnels liés à l'amour ou à la folie. J'ai 23 ans. Je ne suis ni fou, ni amoureux, encore moins amoureux fou. J'ai 23 ans et je viens de rater mon agrég. " Après de longs mois de travail acharné, César, le narrateur, vient d'échouer à l'épreuve qui constituait le but majeur de sa vie : l'agrégation. Le problème, c'est que son meilleur ami, Arthur, l'a eue. Obsédé par ce demi-point qui les sépare, César fomente un dessein fou : il suffirait qu'une place se libère pour qu'il accède à cette prestigieuse sélection. Avec cynisme, il décide d'assassiner Arthur, dont la vie est morne et étriquée. La magie administrative se chargera du reste... Ils partent ensemble à Cuba. Mais ce qui devait constituer dans l'esprit du jeune héros un séjour en enfer prend une tournure inattendue... Dans un style à la fois frais et acéré, le narrateur parcourt la géographie d'une amitié, les leurres de la jeunesse ainsi que ses folles espérances. Des plages paradisiaques aux faveurs des jeunes Cubaines, sans oublier les drames qui se jouent chez les Français expatriés, nos deux touristes vont découvrir qu'il n'est jamais bon de tout planifier à l'avance.

Mon avis : Un roman fort agréable à lire, malgré quelques passages un peu longs, ou moins bien écrits, notamment le voyage à Cuba qui ne m'a pas vraiment convaincue. Ono-dit-Biot écrit bien voire très bien, mais comme souvent chez les jeunes auteurs, il se regarde parfois écrire et c'est moins bien, d'une part parce que ça se sent, et d'autre part, parce que ça brise le rythme et l'harmonie. Cette histoire est drôle, cynique, elle respire la jeunesse bobo, les milieux intellectuels et branchés qui ne se comprennent qu'entre eux, qui sont les seuls à maîtriser les codes qu'ils ont créés et qu'ils tentent avec toute la force de leur désespoir post adolescent, de briser. César, Marion, Arthur et les autres essaient de se défaire de ces liens qu'ils ont tissés eux-mêmes et qui les précipitent dans la tombe ou pire, dans la réalité quotidienne. Arthur a obtenu l'agrégation, César occupe la ploce fort peu enviable de premier collé, et par logique administrative, si le premier meurt, César peut remporter le précieux sésame... S'ensuivent alors quelques scènes assez drôles où le narrateur justifie la nécessité de la mort de son ami pour pouvoir jouïr du privilège de prendre sa place. Mais est-il facile de tuer son meilleur ami pour vivre la vie qu'on jalouse ? 
Un passage de ce texte m'a beaucoup plu, à propos de l'amour et de ses complications : "Mes amours. C'est ce pluriel qui m'agace. Un jour, je serai amoureux : je guillotinerai ce pluriel inconvenant et alors une femme suffira."
ou à propos d'une nouvelle nuit entre les bras d'une inconnue, le narrateur dit : "Je pars comme un voleur. L'ennui, c'est que je ne sais pas ce que je vole."

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P
<br /> "Birmane" est pas mal, du même auteur, et pour décompresser complètement il y a aussi "génération spontanée", assez drôle sur la télé réalité!<br /> <br /> <br />
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L
<br /> ah ah, ça m'intéresse bien, ça... Je le note, je crois que Chloé Delaume a aussi écrit sur le sujet.<br /> <br /> <br />
P
<br /> L'idée me plaît bien! J'y repenserai si un jour j'envisage de me frotter à l'agreg!<br /> <br /> <br />
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L
<br /> tu n'es pas obligée de tuer les candidats pour l'obtenir, hein !<br /> <br /> <br />
S
<br /> ils sont tous là,les ingrédients pour passer un moment bien agréable. A bientôt pour un autre livre<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Merci !<br /> <br /> <br />
S
<br /> Quelle excellente idée pour décrocher l'agreg, rires !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> sauf si tu ne connais pas les heureux admis... Je suis horrible, je sais !<br /> <br /> <br />